TROIS PETITS TOURS ET PUIS S’EN VONT !
Ils étaient venus apprendre le français il y a 5 mois.
Notre première rencontre fut difficile. Ils ne connaissaient pas notre langue et je ne parlais pas le kosovar mais des sourires et des gestes ont permis un échange. Très vite ils ont dit qu’ils attendaient les papiers de la Préfecture et on sentait leur inquiétude…
Que faire quand on a 3 ou 4 enfants, dans un pays étranger et pas d’argent ? Ils avaient une grande reconnaissance envers le Secours Catholique car les dons en vêtements et en nourriture leurs permettaient de vivre. Ils étaient à l’hôtel des Charmes, placés par le Pont, comme d’autres familles étrangères. Ils se voyaient tous les jours et échangeaient leurs soucis et leurs joies. Les enfants allaient à l’école à St Jean le Priche où ils avaient pris leurs places sans trop de dépaysement et avec bonne humeur. Les parents étaient très fiers de leurs progrès. Ils auraient aimé apprendre aussi vite qu’eux ! Pendant les vacances scolaires, les familles venaient au complet et on se serrait autour de la table pour s’écouter. Ces jours-là, c’était plus facile car les enfants servaient d’interprètes… J’aurais tant voulu les écouter lire le français. Ils commençaient à déchiffrer mais ils ne connaissaient pas le sens des mots. Alors, il fallait trouver des objets, des photos se rapportant à la lecture. Le travail qu’ils devaient faire à la maison était toujours fait proprement. Ils étaient heureux de s’appliquer. Entre nous une belle connivence s’est créée. La semaine dernière, l’un d’eux m’a dit que sa femme aura 40 ans ce mois-ci et qu’il aimerait qu’on lui écrive une carte ensemble ! J’ai acheté cette carte………..Elle est toujours sur la table !!!
Jeudi après-midi, quand je suis arrivée pour notre rencontre, on m’a dit qu’ils étaient partis !!! Le C.A.D.A (Comité d’accueil des demandeurs d’asile) les a envoyés à Paray-le-Monial.
L’un d’eux, Gjergj, est venu me dire au revoir : il avait l’air perdu et le regard triste et il m’a expliqué qu’il avait peur de ne pas pouvoir emporter ses bicyclettes et ses valises. Quand nous nous sommes séparés, il m’a serrée très fort dans ses bras me disant merci beaucoup. Je dois avouer que mon émotion était très forte.
Lulsim et Shemesse, Gjergj et Lujeta, Fadil et Zilbite et tous vos enfants, je vous souhaite bon courage et bonne chance.
Mauricette