Accomplissement de soi, individualisme, téléréalité, réseaux sociaux où tout s’exhibe, le « tout tourné vers soi » sont des marqueurs de notre société. Alors, les valeurs de gratuité, de solidarité, de partage, d’empathie auraient-elles disparues à leur profit ? Seraient-elles désuètes ? Bien sûr que Non ! Le service aux autres existe toujours, mais il est différent. Il change de forme en s’adaptant aux conditions de notre monde.

Aujourd’hui, servir à la manière du Christ
Servir les autres, c’est d’abord pour un temps s’oublier soi-même pour être disponible à l’autre, avant de se consacrer à lui (Ph 2,7-8). C’est se mettre au niveau de ceux que Dieu nous a confiés et les écouter. C’est aider à combler leurs besoins pour les faire avancer et grandir. C’est aussi témoigner et transmettre à la jeunesse l’enseignement du Christ. Dans tout cela l’esprit de domination n’a pas sa place. Au contraire, il n’est pas question d’être le plus grand (Lc 22,26-27) mais d’être au service de l’autre. Jésus lui-même nous donne cet exemple : lui le Fils de Dieu, la veille de sa passion lave les pieds de ses disciples (Jn 13,1-5). C’est sur ce chemin, qu’il nous invite à le suivre, à notre époque.
Etre au service des autres ? Pas toujours facile !
Les aides-soignantes dans les EHPAD trop peu nombreuses pour faire correctement leur travail, les pompiers qui sont caillassés en allant porter secours, affichent leur découragement, leurs doutes. Faut-il désespérer ? Non ! La volonté de servir dans l’idée d’un « altruisme éclairé », c’est-à-dire gratuit, sans espoir de récompense, se retrouve encore et fort heureusement dans l’homme (Jn 15,14-15). Sinon les associations d’entraides aux plus démunis, l’assistance aux personnes âgées, l’aide au devoir ne pourraient exister et il aurait peu de personnes pour servir dans nos Églises (prêtres, pasteurs, aumôniers, personnes engagées).

Un service différent sur la forme, mais le même dans l’esprit
Si le service rendu change sur la forme (plus ponctuel, plus diversifié …) l’esprit, lui, reste identique. Il n’y a pas de hiérarchie dans ce service : petit, grand, long, invisible, visible ou presque insignifiant, peu importe. Sur le fond, être au service des autres ne se jauge pas, ne se note pas, n’attend rien en retour. Il est libre, c’est celui qui donne, qui choisit de donner. Il est éthique et pas que moral, car on n’agit pas pour soi mais dans l’intérêt de celui que l’on aide. Il est gratuit comme l’est le véritable amour. Il est offert, il ne se vend ni ne s’achète : « Aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34-35).
Servir à la manière du Christ, c’est essayer de vivre à la manière de Jésus venu à nous pour nous servir. C’est l’un des fondements de nos engagements chrétiens, car servir son prochain c’est vivre l’Évangile, c’est dans sa vie rester disciple du Christ : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » (Jn 8,31).
Noël Gonnot Retour au sommaire ◄