▀ ▀ ▀ | ÉDITORIAL |
Un jour,
je viendrai vers Toi…
Sortir !… impossible de prononcer ce mot sans imaginer un frémissement, un surgissement avant d’être mouvement, avancée, progression. Elles le savent bien les mères attentives à la vie qui sommeille en elles, attentives au moindre signe qui annoncera la libération et le face à face tant désiré avec ce bébé né au monde. Sortir n’est-ce pas s’oublier, se quitter pour con-naître, naître avec un ailleurs, un autrement, avec d’autres.
L’arrivée du printemps sollicite tous nos sens par ses couleurs, parfums et odeurs. La terre se soulève, l’écorce se fend, jusqu’au désert qui refleurit si la rosée le féconde. Et le cœur de l’homme ? Ces quelques pages effleurent quelques sorties auxquelles nous sommes affrontés, confrontés. Mais il y en a tant et tant d’autres. Nous savons bien que les conditions de vie sont difficiles. Elles sont pourtant bien inégales aux quatre coins de la planète. Il est loin le temps où les « ténèbres couvraient la terre et où jaillit la lumière ! » la lumière de la vie, du partage et de la joie. Tout cela, de par la volonté et les choix des hommes, peut renaître au jour le jour. Jusqu’à ce jour dernier pour chacun, chacune d’entre nous où il faudra bien faire le bilan de nos vies et croire ou non en leur éternité. J’aime ce texte de Jacques Leclercq dans « Le jour de l’Homme » :
« Un jour, ton jour, ô mon Dieu, je viendrai vers Toi.
Et dans la formidable explosion de ma résurrection, Je saurai enfin
Que la tendresse c’est Toi,
Que ma liberté, c’est encore Toi.
Je viendrai vers Toi, ô mon Dieu, et Tu me donneras Ton visage.
Je viendrai vers Toi avec mon rêve le plus fou :
T’apporter le monde dans mes bras.
Je viendrai vers Toi et je te crierai à pleine voix
Toute la vérité de la vie sur la terre.
Je te crierai mon cri qui vient du fond des âges :
“Père ! J’ai tenté d’être un Homme, et je suis Ton enfant…”
N° 248 Mars 2018
Sommaire:
Éditorial : Un jour je viendrai vers Toi
Sortir pour aller plus loin
Une vie professionnelle passionnante
Agir pour l’autonomie
Sortir des idées préconçues
Sortir pour être libérés et vivre
Christ est sorti du tombeau
Aumônerie des jeunes
Viens et vois.
Ô nuit bienheureuse
Pages Diocèse.
S…Comme Sortir
« Sortir pour aller plus loin »
Sortir cela suppose plusieurs choses : deux états différents – un dedans, un dehors ou un avant, un après – mais aussi une porte ou une séparation qui délimite.
Il y a sortir physiquement ; notre corps quitte un endroit pour un autre. Nous effectuons plusieurs sorties dans une journée pour accomplir nos tâches quotidiennes : chercher le pain, les enfants à l’école ; quitter chez soi pour aller à son travail, faire du sport etc…. Quelquefois cela nécessite de la volonté, de « se prendre par la main » tellement l’envie de sortir n’est pas évident. Le temps influe beaucoup sur notre envie d’être au-dehors ; la pluie, la neige et nous serons enclins à reporter notre sortie ou au moins à la repousser. Au contraire, le soleil favorise la joie d’être à l’extérieur.
Il y a sortir d’un état, passer d’un âge à un autre ; sortir de l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte ; sortir du célibat pour se marier. C’est quitter des habitudes, un confort, une sécurité pour aller vers autre chose, que l’on ne maîtrise pas.
Chercher la vérité ensemble:
Il y a sortir d’idées préconçues, toutes faites. Cela nécessite d’écouter les autres, leurs arguments ; de ne pas s’arc-bouter sur ce que l’on pense et accepter que l’autre puisse avoir raison. C’est croire que je ne détiens pas la vérité mais qu’elle est à chercher ensemble, dans un dialogue bénéfique pour chaque partie.
Et puis, dans la foi chrétienne, sortir c’est un des termes qui dit la résurrection ; le Christ est sorti du tombeau pour aller vers son Père. Sortir, ici, c’est passer de la mort à la vie.Dans tous les cas, sortir nécessite un effort, et/ou une volonté libre ; rarement les personnes veulent passer d’un état à un autre, passer d’une situation connue pour l’inconnu. C’est inconfortable. Pour accepter ce passage, il faut entrapercevoir les promesses que la nouvelle situation va engendrer. Par conséquent, on peut dire que sortir suppose un acte de foi car on espère, sans en avoir une certitude absolue, un surcroît de vie, de bonheur, de bien-être.Sortir est presque une exigence, c’est le mouvement même de la vie. Tout corps qui ne va pas de l’avant est quasi voué à la mort. Se tourner vers le passé pour le regretter, rester à l’intérieur, ce n’est plus vivre ; ou plutôt c’est vivre dans un monde qui n’existe plus et que l’on ne pourra pas ressusciter. Dans la Bible c’est le drame de la femme du patriarche Loth qui, se retournant sur la vie qu’elle abandonne, se trouve changée en statue de sel. N’est-ce pas là notre penchant naturel ? « La tentation de créer un monde, en le faisant définitif ou en le pensant définitif, nous guette souvent, alors que Dieu nous demande sans cesse de sortir pour aller encore plus loin. » (Pierre Claverie).
Pierre Labruyère
S…Comme Sortir
Une vie professionnelle passionnante.
Mâcon-magazine a rencontré Pierre Chevalier, le gérant bien connu de la Cave des Tournons à Charnay qui vient de prendre sa retraite.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
En 1971, à 23 ans, j’ai intégré l’entreprise familiale, la maison Chevalier négociant en vins, fondée par mon grand-père Eugène en 1935, située aux Tournons à Charnay-Bourg, comme responsable puis directeur export. Cette activité m’a amené à voyager pendant plus de10 ans dans les vignobles de France et surtout à l’étranger. À partir de 1982 je me suis installé comme courtier indépendant puis en 1995 j’ai ouvert, rue de la Coupée à Charnay, une surface de vente destinée aux particuliers, sous le nom de Cave des Tournons. J’ai développé et enrichi ce commerce grâce à mes prospections dans les vignobles à la rencontre des meilleurs vignerons et à ma participation assidue aux salons et concours régionaux en tant que dégustateur.
Comment avez-vous préparé votre départ à la retraite ?
Ce n’est qu’après mes 65 ans que j’ai commencé à envisager ma sortie d’activité en préparant la transmission de mon affaire. Celle-ci intéressait deux jeunes qui avaient fait des stages chez moi lors de leurs études. Ils avaient de plus une bonne connaissance de mon commerce pour s’en être occupé pendant certaines de mes absences. Nous avons collaboré en toute confiance pendant les mois qui ont précédé la cession définitive de ma société en octobre dernier.
À la retraite depuis 3 mois, comment vivez-vous cette nouvelle étape ?
J’ai assez bien accepté de ne plus avoir de contacts quotidiens avec une clientèle passionnée comme moi par les vins. Je n’ai pas d’inquiétude sur la pérennité de l’entreprise que je laisse : elle est gérée par des personnes compétentes et dynamiques qui ont des projets de développement qui me plaisent. Ayant toujours été sur la brèche j’apprécie d’être plus serein pour m’adonner maintenant aux activités qui me passionnent : marches et randonnées, photographie, relations épisodiques avec certains viticulteurs, participation à quelques concours, animation d’un club de dégustation que j’ai créé il y a 35 ans.J’ai plus de temps pour voyager et pour être plus présent auprès de ma famille, surtout de mes petites-filles. Ma sortie à 70 ans d’une longue vie professionnelle très prenante se fait avec la satisfaction de pouvoir entreprendre beaucoup d’autres activités enrichissantes.
Propos recueillis par Bernard Lanéry
S…Comme Sortir
L’Association Valentin Haüy accompagne les personnes en situation de handicap visuel. En Saône-et-Loire il existe cinq comités dont celui de Mâcon qui nous a offert de rencontrer Jean Fournier, bénéficiaire et bénévole de longue date, pour qu’il témoigne de son parcours et de son implication à l’AVH.
Quel est votre «cursus» de malvoyant ?
Je suis entré dans le monde de la malvoyance en 2002, «grâce» à une occlusion de la veine centrale de la rétine. J’ai perdu la vue de l’œil droit très rapidement, l’œil gauche faisant preuve d’une résistance courageuse, ce qui m’a permis de continuer à travailler jusqu’en 2005. Avec une capacité visuelle inférieure à 1/20e, j’intégrai sans plaisir le monde des aveugles.Le hasard me fit rencontrer Irène Loron, alors présidente du comité AVH de Mâcon. En 2005, lors d’une rencontre départementale, un jeune malvoyant m’a parlé de ses solutions pour retrouver une autonomie «correcte» : un chien-guide et six mois de rééducation visuelle à la clinique ARAMAV à Nîmes. Je l’ai copié sans vergogne, déterminé à me construire un nouvel avenir !
Où en êtes-vous de votre autonomie ?
Accompagné d’Inox, mon chien-guide depuis 2007, je me déplace sans risque de trébucher sur un obstacle, «embrasser» un lampadaire, traverser les rues en dehors des passages piétons ou rater une marche.Grâce à l’informatique et la téléphonie adaptées à mon handicap je communique presque comme tout le monde, conservant une vie sociale non négligeable. Pour effectuer les actes de la vie quotidienne, la concentration et le bon sens sont pour moi des alliés sûrs.
Sortir, qu’est-ce que ce mot évoque pour vous ?
Sortir de l’isolement, du découragement, de la détresse, voire de la révolte provoqués par le handicap. Peut-on vouloir vivre comme tout le monde et dans le même temps refuser de sortir de son «chez soi», physique ou moral ? Je ne pense pas.Comme je n’ai pas une âme d’aventurier et que mon handicap suffit à me compliquer l’existence, je ne prends pas de risque inutile. Pour mes loisirs, je m’appuie sur les services proposés par l’AVH. Deux fois par mois nos rencontres permettent de précieux échanges d’expériences. Les conférences sur des sujets variés sont passionnantes. Quant aux activités extérieures – visites de musées, de sites touristiques ou historiques, randonnées, séances de cinéma en audiodescription, pièces de théâtre – elles sont sélectionnées avec soin. L’accompagnement par les bénévoles est particulièrement sûr, les horaires respectés, bref pas d’imprévu perturbant.Les malvoyants ou non-voyants qui participent à ces rencontres et sorties témoignent, par leur nombre et leur fidélité, de leur confiance en cette équipe d’accompagnants qui œuvre à «redonner un avenir à celles et ceux qui perdent la vue», selon la devise de l’AVH.
Madeleine Jacquemetton – Monique Steeves
Contact |
Pour devenir bénéficiaire ou bénévole,
contactez l’Association VALENTIN HAÜY Tél 07 63 44 06 41 – 06 63 35 11 47 – correspondance.macon@avh.asso.fr |
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Sortir des idées préconçues
Depuis que nous sommes entrés dans l’ère de la communication instantanée, le monde présente de façon criante l’énorme disparité des richesses, la puissance des possédants, et la déshérence de nombreux peuples.
Fuir les lieux de guerre ou de misère et rechercher des terres plus accueillantes et nourricières est le réflexe normal de tout être vivant. Les déplacements de populations font partie de l’histoire de l’humanité. Dans ce monde à l’équilibre fragile, l’Europe fait figure de terre de liberté, et nous pouvons en être fiers, même, et surtout, si certains extrémistes nous déclarent la guerre pour cette raison.
Pour garder la tête haute l’Europe ne doit pas oublier d’être solidaire et de combattre les idées de repli sur soi favorisant les populismes égoïstes. Il faut cependant savoir que la première des libertés est que chacun puisse vivre librement dans son propre pays. Pourtant, chaque jour, des migrants issus de territoires dévastés par les guerres ou la misère arrivent par vagues au cœur d’une Europe divisée et de pays voisins débordés.Les gouvernants ont donc la difficile responsabilité de défendre cette liberté de tous entre la nécessaire cohésion d’une nation et le postulat éthique de l’accueil de chacun. Des écrans de télévision, ces réfugiés sont parvenus jusqu’à nos trottoirs et chacun de nous est désorienté. Au postulat de l’accueil inconditionnel certains opposent des effets secondaires négatifs. C’est pourtant d’un niveau élevé de confiance qu’a besoin l’espace national en termes de politique d’immigration. Chacun doit faire l’effort d’une réflexion pondérée entre l’obligation d’humanité et la nécessité d’un accueil organisé.
Situation inextricable: Il y a peu, Calais était le symbole de cette situation inextricable. À côté d’une paisible ville de bord de mer, un énorme camp de réfugiés avait fait l’objet de multiples reportages. Ceux-ci nous montraient toute la désespérance d’un monde livré aux conséquences de situations créées au fil du temps, pour des intérêts souvent discutables et en toute irresponsabilité.Dans un reportage télévisé, j’ai vu un agriculteur de Calais subir concrètement ces situations et les commenter avec une grandeur d’âme capable de ranimer une lueur que l’on aurait pu croire définitivement éteinte. Son exploitation était régulièrement pillée par des migrants qui se construisaient des abris avec les planches et barrières volées. Ses terres étaient sans cesse traversées de nuit par des flots de migrants essayant de rejoindre des points d’embarquement pour l’Angleterre. Face à ces dégradations permanentes et à une grande insécurité, cet homme restait digne dans ses propos. Il était usé de devoir défendre quotidiennement le fruit de son travail, mais n’utilisait aucun terme agressif vis à vis de ces déracinés en quête d’une vie meilleure. Il refusait toute aide de style milice en souhaitant ardemment une solution humaine à cette situation qui le dépassait. Une leçon pour nous aider à sortir de nos attitudes souvent sans nuances.
Bernard Chevalier
Dans la Bible l’action de sortir est décrite de plusieurs façons. Elle prend le sens de quitter un lieu, contraint ou librement, ou celui d’aller vers l’inconnu en ayant confiance, en quelqu’un ou dans une idée. Il peut s’agir d’abandonner une situation ou une impasse dont on ne peut sortir seul. Il y a aussi de nombreux exemples où des femmes et des hommes changent de nom, et sortent d’une manière d’être pour une autre. À la demande de l’Éternel, Abram quitte tout et sort de sa maison pour aller dans le pays qui lui est destiné (Gn 15,7). Il n’a jamais vu ce Dieu qui lui promet une nation nombreuse et une terre ; et pourtant, il lui fait confiance. C’est cette foi inconditionnelle qui le pousse à sortir. Alors, il devient Abraham. Dieu envoie Moïse et accomplit des prodiges pour faire sortir les Hébreux d’Égypte, où ils sont réduits en esclavage : « l’Éternel vous a fait sortir par sa main puissante, vous a délivrés de la maison de servitude, de la main de Pharaon, roi d’Égypte. » (Dt 7,8b). Ils manquent de confiance dans celui qui les a libérés, alors ils regrettent leur servitude et l’avenir leur fait peur. L’espérance des Hébreux n’a pas la force de celle d’Abraham ; c’est pourquoi ils ont mis quarante ans pour sortir du désert ! |
De la mort à la vie La vie terrestre de Jésus sort de l’histoire des hommes au moment de la Pâque. Les Évangiles portent le témoignage de sa passion, sa mort et sa résurrection. C’est en sortant vainqueur du tombeau que Christ nous fait quitter l’esclavage du péché et passer de la mort à la vie au Royaume de son Père. C’est pourquoi, au tombeau vide, l’ange nous demande de ne pas avoir peur : Marc nous le dit. Et pourtant, les femmes sont sorties effrayées, sans rien dire ! Le manque de foi nous aveugle et nous empêche de voir le Christ. La foi seule nous éclaire et nous permet de l’accueillir. C’est quand « Il » se révèle à nous que nous pouvons le rejoindre. C’est ce qui est arrivé à saint Paul qui, prisonnier de sa conception de la Loi, persécute les croyants en Christ ; c’est aussi l’expérience vécue par des disciples sur le chemin d’Emmaüs qui, pris par la déception du décès de Jésus, cheminent avec le Ressuscité sans le reconnaître (Lc 24,31). À la Pentecôte, le feu de l’Esprit Saint, incite les apôtres à sortir de leur cachette, à proclamer l’Évangile aux nations (Ac 2,1-13). Aujourd’hui, comme pour eux, le Ressuscité nous donne la confiance et la force de sortir pour aller à la rencontre des autres. C’est ainsi que nous poursuivons cette mission que l’Éternel a confiée aux apôtres, puis à chacun de nous. Noël Gonnot |
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Christ est sorti du tombeau
Fin mars, 2,18 milliards de chrétiens, soit 1/3 de la population mondiale, vont entrer dans la Grande Semaine Sainte. En quelques jours, ils vont vivre en un raccourci fulgurant passé, présent et avenir de l’histoire du cosmos et de l’humanité. Ils vont écouter la saga du peuple de Dieu, de ses origines jusqu’à son devenir espéré et attendu.
Le dimanche des Rameaux, palmes à la main, ils vont entrer dans les églises, comme autant de Jérusalem, pour y accueillir « Celui qui vient au nom du Seigneur ». La fête sera de courte durée ! En quelques jours les événements de la Passion vont se précipiter. C’est le dernier repas long et intime avec ses amis où déjà veille le traître. Jésus, « sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu » (Jn 13/3)se lève de table, lave les pieds et invite à faire de même. « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ! » Et c’est la confidence ultime sur son identité profonde et sa mission de salut qu’il accomplit jusqu’au bout et pour toujours : « car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. » (Jn 16/27-28)
L’irruption de l’éternité dans le temps, de la divinité dans l’humanité, de l’immortalité dans le périssable ne se fait pas sans souffrances, arrachements et morts quotidiennes. L’esprit s’égare, les dernières lueurs de sens, de vie et d’espoirs sombrent dans la nuit. Cette nuit où disparaît Judas : « Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit » ( Jn 13/30). Tout le vendredi, les ténèbres s’épaissiront jusqu’au cri de désespérance de l’innocent, assassiné par ceux-là même qu’il était venu sauver. C’était au sommet du Golgotha à la neuvième heure. « L’obscurité se fait sur toute la terre car le soleil s’était caché » (Lc 23/44-45).
Les ténèbres du samedi saint, long jour de deuil de toute l’église, sonnent l’échec de ce « duel formidable où s’affrontèrent la mort et la vie ». Elles donnent raison à ceux pour qui la vie « tend vers la décomposition, la matière, la mort » et tort aux autres pour qui elle « tend vers la composition, la vie, l’immortalité ». Pourtant il y avait eu ce cri « proféré d’une voix forte » de Jésus à son ami Lazare : « Lazare ! Viens dehors ! –Et le mort sortit.» (Jn 11/43)
Rien de tel pour Jésus. Ils l’ont entendu crier. Ils ont vu sortir le sang et l’eau de son côté transpercé. Ils l’ont couché dans le suaire de la mort. Ils ont roulé la pierre.
Pourtant le tombeau est vide. Christ en est sorti par amour éternel du Père qui ne « pouvait permettre que son Saint voie la corruption ». (Ac 13/35) Aussi « Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. » (Ac 2/35)
La longue veillée pascale chantera jusqu’à l’aube de Pâques :
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jn 3/19).
Oui Christ est vivant !
Il est sorti du tombeau !
Il est ressuscité !
Alleluia !
Yves Bachelet
PAROISSES et DOYENNÉ |
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S…Comme Sortir
Ô nuit bienheureuse
La grande vigile pascale évoque le passage du Dieu de toute Vie au cœur même de nos ténèbres. Une fois pour toutes, Christ est vainqueur de la mort. Le moine St Epiphane de Salamine, Evêque de Chypre, nous livre une profonde méditation sur cet article de notre Credo : « Christ est descendu aux enfers ».
«Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, grand silence et une grande solitude.
Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli. Dieu s’est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers…
Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Ève, captive avec lui, lui qui est, en même temps, leur Dieu et leur Fils. Descendons-donc avec lui pour voir l’Alliance entre Dieu et les hommes… Là se trouve Adam, le premier Père… Là se trouve Abel, le premier mort… Là se trouve Noé, figure du Christ… Là se trouve Abraham, le Père du Christ…
Là demeure Moïse… Là se trouve Daniel, dans la fosse de l’enfer… Là Se trouve Jérémie, dans la corruption de la mort… Là se trouve Jonas dans le monstre… il en est un qui s’écrie : “Du ventre de l’enfer, entends ma supplication, écoute mon cri !”. Un autre : “Des profondeurs je crie vers toi Seigneur, écoute mon appel !”. Un autre : “Fais briller sur nous ta face et nous serons sauvés … »
Adam entendit le premier le bruit des pas du Seigneur qui venait vers eux. Et il reconnut sa voix … “J’entends les pas de quelqu’un qui vient vers nous.” Et pendant qu’il parlait le Seigneur entra, tenant les armes victorieuses de la croix… Lui ayant saisi la main, il lui dit : “Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Lève-toi ! Relève-toi d’entre les morts, je suis la Vie des morts… Lève-toi, sortons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi… »
(Extraits de l’Homélie sur l’ensevelissement du Christ de St Épiphane + 403)
Le cierge pascal, allumé au feu nouveau dans la nuit, illumine l’Église tandis que s’élance le chant de l’Exultet : Hymne au Christ ressuscité qui remonte au IV° siècle.
Ô nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s’est relevé victorieux des enfers. Heureuse faute d’Adam qui nous a valu un tel Rédempteur ! Ô nuit qui seule a pu connaître le temps et l’heure où le Christ est sorti vivant du séjour des morts ; ô nuit dont il est écrit : « La nuit comme le jour illumine, la ténèbre autour de moi devient lumière pour ma joie » (Ps 138,12)… Ô nuit bienheureuse, où se rejoignent le ciel et la terre, où s’unissent l’homme et Dieu.
Dans la grâce de cette nuit, accueille, Père très Saint, le sacrifice du soir de cette flamme que l’Église t’offre par nos mains ; permets que ce cierge pascal, consacré à ton nom, brûle sans déclin en cette nuit et qu’il joigne sa clarté à celle des étoiles. Qu’il brûle encore quand se lèvera l’astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ ressuscité revenu des enfers, qui répand sur les hommes sa lumière et sa paix. Garde ton peuple, nous t’en prions, ô notre Père, dans la joie de ces fêtes pascales. Par Jésus Christ, ton Fils notre Seigneur, qui par la puissance de l’Esprit s’est relevé d’entre les morts et qui règne près de toi pour les siècles des siècles. Amen.
Extraits de l’ « Exultet »
PAROISSES et DOYENNÉ | ▀ ▀ ▀ |
« Ce bonheur de vivre… »
« Tous les jours de ma vie, j’ai vécu des choses merveilleuses » confiait Marie-Angely à l’aube de ses 93 ans. Cette grande figure de Cluny, était la sœur du Père Ludovic Rebillard (1921-2003) vicaire à St Pierre de Mâcon puis chargé de l’œuvre de la jeunesse de l’aumônerie des lycées et de la prison jusqu’en 1960.
Née à Massilly en 1922, Marie-Angély Rebillard est décédée à Cluny en 2014. Elle fut connue pour son engagement de longue date au service d’autrui, ses actions dans la vie publique et sociale, son implication dans les associations de Cluny.
Célibataire, choisissant d’être plus disponible aux autres, elle s’est engagée très tôt dans l’organisation de l’entraide aux personnes âgées et aux familles en détresse. « Il faut croire à ce que l’on fait et prendre des risques : je n’ai fait que ça » disait Marie-Angély au sujet de son travail d’assistante sociale. « On m’amenait des cas impossibles : il fallait alors gagner la confiance, il y a toujours des solutions, je me suis laissée guider par Dieu ».
Elle est sortie du chemin qui semblait tracé à une jeune fille « de bonne famille » du siècle dernier. Elle est sortie de son confort pour rencontrer, aider et secourir tous ceux qui l’appelaient au secours. Elle a quitté la vie terrestre avec la sérénité d’avoir simplement transmis ce qu’il avait plu à Dieu de lui donner.
Bernard Chevallier d’après l’ouvrage d’Estelle Levresse
« Marie-Angély ‘’ce bonheur de vivre’’ »
Éditions : Cluny de la Paix
Pages Diocésaines:
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